"_Gé u mon bac avec mension, je sui tro contente, tu voi mes efors de l'année on pa été inutils..."
Voici un extrait de la missive que j'ai reçue d'une jeune fille par ailleurs adorable qui vient d'avoir son bac avec mention ! (et qui ne savait pas il y a 5 minutes qu'une missive est une lettre)
En cette année 2006, tous les reccords de réussite au bac ont été pulvérisés. Pourtant, même les élèves à qui on avait fait cadeau du diplôme en 1968 parlaient et écrivaient le Français couramment !( si, il y a bien un accent circonflexe sur le o de diplôme).
Il semblerait qu'aucune consigne d'indulgence n'ait été donnée aux examinateurs suite aux grèves contre le CPE. C'est bien ça le plus inquiétant. Plus de 80% d'une classe d'âge est admise à poursuivre des études "supérieures", alors que probablement plus de la moité de ces jeunes ne maîtrisent même pas leur langue maternelle. Quant à leur culture générale, elle est tout bonnement inexistante!
La jeune fille dont il est question se prépare à des études universitaires de lettres modernes pour devenir attachée de presse. Je lui souhaite d'y parvenir, mais j'ai quelques doutes.
Une exception, me direz-vous. Il suffit d'aller faire un tour sur les blogs d'étudiants pour se faire une idée de la catastrophe :
"_ Un blog parmi tan d'autre"
"_J'vai allez ver de nouveau horizon..."
Et il y en a de bien pires, certaines phrases ne sont compréhensibles qu'après deux ou trois lectures et un peu de divination. C'est consternant !
Ne nous faisons aucune illusion, si 80% des terminales du lycée Karl Marx ont eu leur bac, tandis que 85% (pas beaucoup plus) de ceux du lycée Notre Dame l'ont eu aussi, il y a fort à parier que 95% des élèves de Karl Marx finiront au smic après quelques années de voie sans issue à l'université, tandis que 50% de ceux de Notre Dame finiront bouffis de stocks options, cadres d'une grande entreprise après avoir fait une prépa et une grande école.
Puisqu'on a décidé de distribuer le bac au plus grand nombre, l'élite a choisi un autre mode de sélection qui lui permette de rester entre soi. Si l'école a servi autrefois d'ascensseur social, c'est bien fini, les meilleurs étant noyés dans la masse des médiocres, seul le nivau social des parents fait la différence. Il faut avoir les moyens de se payer Notre Dame et des profs particuliers pour soutenir le petit en prépa.
Quant (non pas quand) à ces salauds de pauvres... qu'ils s'estiment heureux qu'on leur ait génreusement accordé 1 euro de plus par jour, faudrait quand même pas qu'ils s'imaginent qu'en plus d'avoir démocratisé le bac on va partager le pognon !
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